La mode est franchement gonflée. Pendant des années, on nous a torturé les orteils qui, à force de se chevaucher écrasés dans nos stilettos, ont une forme de bâtonnet glacé trisomique. On s’est habitué, ensuite, à jouir devant les semelles « Shopping and Dancing » de Scholl, nos seules alliées dans ce combat quotidien. On a abdiqué, on a même aimé, en fait, être perchées à +12cm par rapport au niveau de la mer.
Et, cet hiver, alors qu’on avait cultivé avec succès notre âme de sado maso heureuse de claquer un demi-salaire dans des succulents objets de supplice, on nous balance l’intolérable. Le retour du plat.
Voilà, le drame est dit. Les mocassins, les Clarks, les chaussures bateaux, les derbys, bref, que du feel the bitume in your talons quoi. Seules les ballerines sont décrétées importables, ça me soulage un peu, ce nœud insupportable entre les orteils me rendaient chèvre de Monsieur Louboutin. Stilettos, plate formes, compensées, escarpins, plateaux, tout l’attirail de la guerrière urbaine durement acquis file dans la catégorie tant redoutée du faux-pas fashion. Je rêve, je me révolte, je crie à l’inquisition, je m’épile les bras avec les canines de rage, je me lacère les genoux, bref je m’insurge. Parce que, soyons claires, les talons, élévation suprême de l’âme, ont un avantage : ils allongent. Les talons c’est du Slim Fast sans la nausée. Donc, merci, Kate Moss, Kate Bosworth, Rachel Bilson, et tous ces autres cure-dents à cheveux qui ont profité de la mort de MJ pour nous renvoyer le mocassin verni à la face en mode revival hommage du King on our feet. En attendant, bien sûr, avec leurs slims, leurs shorts à revers, leurs robes romantiques, le mocassin a de la gueule, un style nonchalant hyper sexy avec des collants noirs et une robe fraîche. Mais, dès que t’es pas à la limite de l’évanouissement permanent, que tu manges plus d’un raisin tous les deux jours, bizarrement, le plat aussi stylé, plein de panache et même d’audace soit-il, donne à n’importe quels mollets hors podiums l’air de gourdins, presque utilisables comme prothèses modèles pour godemichés hypertrophiés.
Chloë Sevigny: celle qui a relancé le mocassin
Ça ne fait pas un pli, je ne mettrai pas les pieds dans le plat. Heureusement qu’il nous reste les chaussures alpines (semelles en crêpe de talon respectable et moumoute over craquantes avec une robe en soie et un gros manteau) et les low boots cloutés (merci Isabel Marant) pour garder la tête un peu plus haute.
Low Boots Isabel Marant
waaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaoooooooouhhhhhhhh 😥 😥 😥 😥 😥 😥 😥 😥