Toi, oui toi qui lis ça, repense à toutes les fois où tu t’es cassé un ongle, où la manche de ton t-shirt s’est prise dans la poignée de porte, où quelqu’un devant toi a pris le dernier chariot à Monoprix, où tu es arrivée à la poste 5 minutes avant l’heure de fermeture mais que c’était déjà fermé, où tu as poireauté une heure au téléphone avec la musique d’ambiance avant qu’un employé de France Télécom te dise qu’il fallait certainement que tu débranches et rebranches ton modem pour que ça remarche.
Repense à toute ces fois où tu as été bloquée dans les embouteillages avec rien d’autre à faire que penser que ton boulot est tout pourri et ta vie sentimentale à chier et qu’en plus y’a que deux voitures qui passent à chaque fois que le feu est vert.
Tu allumes alors la radio et là, telle une divine parole, tu entends la phrase que tu as envie de hurler dans ta bagnole, chez toi, au boulot, dans la rue, dans les boutiques, la phrase que tu dis mille fois par jour, THE phrase : CA M’ENERVE !
« Tout ça pour ça me ! » direz-vous ? Ben oui, j’aime les effets dramatiques, et alors !
Ca m’énerve donc, tu n’as pas pu passer à côté, ou tu vis sous un caillou. Personnellement, la première fois que je l’ai entendue, je l’ai trouvée insupportable et me suis dit que son interprète était un tracassé qu’il fallait enfermer. J’ai changé de station en pensant « c’est toi qui m’énerve ! » Puis je l’ai entendue, une fois, deux fois, et je l’ai écoutée, une fois, deux fois, trois fois. Et la lumière fut : non ce mec n’était pas un crétin, c’était moi l’idiote ! Cet homme était un génie du second degré que seuls les initiés pouvaient apprécier à sa juste valeur.
Ainsi commença mon Helmutisation (ah ? Car il faut préciser que c’est d’Helmut Fritz que je parle ? ah oui pardon c’est vrai, le rocher et tout ça, tout ça) et pendant toute l’année je trouvai le courage d’affronter ma VDM en hurlant « Ca m’énerve! » à fond les ballons dans ma voiture à chaque fois qu’elle passait à la radio. Une sorte de thérapie Fritzienne si tu préfères.
Puis, un beau jour d’été ensoleillé (zoizeaux qui pioupioutent, cigales qui chantent), je découvris qu’Helmut Fritz n’avait pas fait que Ca m’énerve mais qu’il y avait tout un album derrière. Méfiante je téléchargeai ledit album (oui parce que quand même, je n’allais pas dépenser presque 20 euros là dedans). Je pris mon CD gravé et l’insérai dans mon autoradio alors que je mettais le cap vers la plage, quasi persuadée que rien n’allait me plaire (tu connais la rengaine, les trois supers chansons passent à la radio, le reste de l’album est plein de soupe). Bref, passée l’intro parlée (en anglais) qui me laissa dubitative, je sautai Ca m’énerve que je connaissais par cœur et voilà ce que j’ouïs :
Tu l’as pas créé tu le vends : Dis, t’as jamais eu envie de choisir les fringues les plus moches possibles dans un magasin rien que pour le plaisir d’entendre la vendeuse te dire que « ça te va super bieeeeen » et que « le coordonné est ravissaaaaant » alors que tu viens d’enfiler un jean à fleurs taille 42 avec un chemisier à rayures XXS ? Si toi aussi tous ces vendeurs hypocrites te cassent les pieds et ne veulent jamais te laisser essayer tranquille alors, cette chanson est pour toi !
Ca gère : Helmut en mode dégommage tire sur tout ce qui bouge mais surtout sur toi, qui trouves que ça gère trop de porter des bas Vivienne Westwood, d’avoir des mèches multicolores et un parapluie transparent sauf sur les bords. Et aussi sur toi qui écoutes ton iPod a fond dans le bus, et qui nous casses les pieds à nous les vieux (à ton âge on n’avait qu’un walkman) !
07h45 : T’es déjà allé à la Poste, le matin, à 8h moins le quart ? C’est pas moi qui te le demande, c’est Helmut ! Si c’est le cas, et que toi aussi tu as failli te suicider rien qu’en voyant la longueur de la queue alors que tu voulais juste faire affranchir un malheureux paquet, tu risques d’apprécier cette piste !
Miss France : Quoi ? Tu les trouves spirituelles, intelligentes, trop beeeeeeelles et trop gentiiiiiiiiiiiiilles quand elles demandent la paix dans le monde sur TF1 avec Jean Pierre et Geneviève les miss ? Bon ben n’écoute pas ça alors ! Tu risquerais d’être comme Chenefieffe : déçue… la pôvre !
Partout : Une chanson sur ces trucs qu’on voit… ben, partout ! Tu sais : le trench Burberry, les ballerines Repetto, les spartiates, le jean délavé, le sac à franges, tout ça. Toi aussi quand tu as acheté ça, tu pensais que tu allais sortir du lot et être troooooop stylée et unique ! Il est temps d’ouvrir les yeux sur la cruelle réalité… Pour qu’on te remarque, maintenant, tu n’as pas trop le choix. A part le pantalon à carreaux, tu sais, de nos jours…
Burn Out : Une des chansons les plus persos de notre ami Helmut. Une déclaration d’amour/haine envers Paris dans laquelle il nous dresse la liste de tous les trucs qui le barbent dans la capitale… mais qui malgré tout ne sont pas assez énervants pour le faire déménager. Allez, je vais te faire une confidence : tous ces trucs qu’il cite, tu peux les appliquer à ton bled. Quoi ? Y’a pas de crottes de chiens par terre chez toi ? Pas de travaux dans ta rue ? Pas d’embouteillages quand tu vas travailler ? Dis… tu habites où ? Y’a moyen d’y emménager ?
Mister Hype : Aaaaah cher Mister Hype, toi qui passes une heure dans la salle de bain à appliquer tes crèmes hors de prix sur ta peau impeccablement cuivrée grâce à la cabine UV, oui, toi avec les Rayban et le costume crème qui te donnent l’air (d’un gigolo) d’un jeune premier. Cette chanson est pour toi ! Continue à croire que tu nous fais rêver ! Nous, en attendant, on rigole !
Yellow Safety Jacket : ATTENTION CHEF-D’OEUVRE ! Chef d’oeuvre d’humour décalé, tracassé, cinglé, bref… Oui, Helmut a osé. Il a osé faire ce que personne n’avait fait avant lui. Dénoncer ce que personne n’avait osé dénoncer. Le chilet chaune sur le siège passager. Oui je sais… tu restes sans voix… moi aussi. Pendant quelques secondes… avant de me tordre de rire dans ma voiture au risque d’embrasser un platane ! Enorme, les mots me manquent, un gros gros coup de cœur ! Mais ne l’écoute pas en premier hein tricheuse ! Garde toi donc le meilleur pour la fin !
Le plein des sens : Comment te dire ? Tu étais là en train de te marrer avec le chilet chaune et voilà qu’Helmut arrive comme un cheveu sur la soupe avec son histoire d’activités pas très catholiques à l’arrière de sa voiture. Quand tu lis ça, tu te dis que ça doit être ridicule, avec zéro crédibilité. Comme tu as tort ! Il faisait déjà chaud en plein mois de juillet, j’ai encore dû baisser la clim ! Héhéhéhéhéhé hum, je m’égare…
16/01/74 : Bon allez je vais t’épargner la dure tâche d’aller chercher sur Google pendant des heures, bien sûr que c’est la date de naissance de Kate Moche. En fait, cette dernière chanson, je ne préfère pas te la décrire. Ce n’est même pas vraiment une chanson… Mais là, déjà, je t’en dis trop. Je t’ai déjà tout raconté, tu peux bien te faire ta petite idée pour une fois non ? Surtout que cette piste là est ouverte à l’interprétation.
Enjoy !!!
Je vais t’avouer que le retour à la réalité fut difficile. J’avais mal aux abdos à force de rire (c’est d’ailleurs là que j’ai découvert que j’avais des abdos hahaha…) Et évidemment, je l’ai réécouté sur le chemin du retour. Car bien sûr, tu dois te dire qu’un truc bidonnant comme ça, ça ne s’écoute qu’une seule fois, qu’on a tout compris du premier coup. Détrompe toi, tu risques d’être surprise.
En tout cas, je vais t’avouer quelque chose d’autre: c’est que depuis, j’ai filé au supermarché pour l’acheter ! Et finalement, j’étais bien contente de dépenser mes 20€…